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Transformer le pouvoir pour ne pas être transformé par lui




MANAGEMENT

25/01/2024



Le pouvoir n’a jamais été un sujet simple dans l’entreprise. Il interroge, divise, passionne, dérange parfois. Chacun en a une expérience personnelle : certains l’exercent, d’autres le subissent, d’autres encore l’observent sans jamais oser le questionner. Une chose est certaine : le pouvoir existe au cœur de toutes les organisations, même celles qui revendiquent l’horizontalité.

À mesure que les entreprises modernisent leurs pratiques managériales, une conviction s’impose : le problème n’est pas le pouvoir en lui-même, mais la manière dont on l’exerce. L’autoritarisme d’hier n’est plus soutenable. Le laxisme d’aujourd’hui ne fonctionne pas davantage. Entre les deux, un nouvel idéal apparaît : celui d’un pouvoir conscient, maîtrisé, utile au collectif.

Comment exercer le pouvoir sans s’y perdre ? Comment l’utiliser comme un levier de croissance plutôt qu’un instrument de domination ? Comment rester leader… sans tomber dans l’ivresse des sommets ?

 

En bref

  • Le pouvoir est inhérent à toute relation professionnelle : il structure les responsabilités.

  • Mauvais usage → dérives, déconnexion du réel, décisions biaisées.

  • Bon usage → clarté, protection du collectif, vision et performance durable.

  • Le risque principal : être transformé par le pouvoir plutôt que de le transformer.

  • Le leadership moderne repose sur la complémentarité, la lucidité et l’empathie.

 

 

1. Le pouvoir : une réalité incontournable… et souvent mal comprise

Le contrat de travail pose un cadre clair : un employeur donne des directives, contrôle l'exécution et peut sanctionner les manquements. C’est ce qu’on appelle le lien de subordination.
Ce lien n’est pas un vestige d’un autre temps : il est indispensable pour organiser la répartition des rôles, clarifier les décisions et permettre à l’entreprise de fonctionner.

Mais dans les faits, ce lien est souvent mal vécu :

  • côté managers : peur d’être « autoritaires », difficulté à assumer la décision ;

  • côté collaborateurs : sensation d’injustice ou d’inégalité ;

  • côté organisation : indécision, flou, tensions silencieuses.

Pour beaucoup, le pouvoir est soit diabolisé (« pouvoir = domination »), soit idéalisé (« pouvoir = prestige »). Les deux visions sont erronées. Le pouvoir n’est ni bon ni mauvais : il dépend de l’intention de celui qui l’exerce.

 

2. Pourquoi le pouvoir peut-il déformer celui qui le détient ?

Souvent, celui qui gravit les échelons gagne naturellement en influence. Cette montée en responsabilité procure :

  • reconnaissance,

  • confort matériel,

  • autonomie,

  • capacité de décider,

  • sentiment d’utilité.

Le cerveau adore ça. La dopamine grimpe. Le jugement se modifie. La vigilance s’émousse.
Pour Kant, « la possession du pouvoir corrompt inévitablement le libre jugement de la raison ».
Sans lucidité, trois dérives apparaissent :

1. L’ivresse des sommets

La personne se croit invincible, infaillible, indispensable.
Elle s’éloigne du terrain, se coupe du réel.

2. L’addiction à la domination

Le pouvoir devient un plaisir, une fin en soi.
Le leader cherche davantage d’autorité que de responsabilité.

3. La déconnexion du collectif

La performance individuelle éclipse la performance collective.
La vision s’étrique. Le “je” prend le pas sur le “nous”.

Heureusement, tous les leaders ne vivent pas ces dérives. Un leadership solide repose sur l’ancrage, le sens et la conscience du rôle.

 

3. Le pouvoir bien exercé : un levier d’élévation du collectif

Le véritable leadership n’est pas une pyramide.
C’est un système de complémentarité :

  • l’un décide,

  • l’autre exécute,

  • un troisième conseille,

  • un quatrième coordonne.

L’architecte n’est rien sans le maçon.
Le maçon ne peut rien sans l’architecte.
Le pouvoir n’a de sens que s’il sert un projet commun.

Un bon usage du pouvoir repose sur trois piliers :

1. Le pouvoir comme vision

Le leader voit loin, anticipe, donne la direction.
Il prend la hauteur dont l’équipe a besoin.

2. Le pouvoir comme protection

Il protège l’équipe du chaos, de l’incertitude et de la dispersion.
Il clarifie les priorités et tranche lorsque nécessaire.

3. Le pouvoir comme élévation

Le leader élève ses collaborateurs en leur donnant :

  • de l’autonomie,

  • de la confiance,

  • des responsabilités alignées sur leurs talents.

Dans cette conception, le pouvoir n’est pas vertical : il est porteur.

 

4. L’alternative à l’autoritarisme : la complémentarité

Beaucoup rêvent de structures totalement horizontales.
Beaucoup craignent l’autoritarisme classique.
La solution se trouve entre les deux : la complémentarité.

Pourquoi ?

Parce que :

  • nous n’avons pas les mêmes talents,

  • nous n’avons pas les mêmes appétences,

  • nous n’avons pas les mêmes niveaux de responsabilité.

Le pouvoir doit donc être distribué… mais jamais dilué.
Un collectif performant repose sur un leadership clair, assumé, qui s’exerce au service du groupe.

 

5. Comment exercer un pouvoir mature, stable et utile ?

1. Clarifier son intention

« Pourquoi j’exerce ce rôle ? Pour moi ou pour le collectif ? »
Le pouvoir devient sain lorsque l’intention est juste.

2. Rester connecté au terrain

Un leader qui n’écoute plus ne décide plus juste.
Revenir régulièrement « en bas » évite l’ivresse des sommets.

3. Développer son empathie

Un pouvoir sans empathie devient brutal.
Un pouvoir avec empathie devient visionnaire.

4. Accepter la responsabilité sans l’arrogance

Assumer de décider sans mépriser ceux qui exécutent.
La grandeur se mesure à la manière dont on traite plus petit que soi.

5. Être à l'aise avec la fermeté

La modernité managériale ne signifie pas “tout accepter”.
Un bon leader sait dire non, trancher, recadrer avec respect.

 

Conclusion

Le pouvoir n’est pas un mal en soi.
Ce qui pose problème, c’est l’usage que l’on en fait et l’oubli de l’intention initiale : guider un projet, protéger un collectif, permettre à chacun de donner le meilleur.

Être leader, ce n’est pas s’élever au-dessus des autres, mais élever avec les autres.
Transformer le pouvoir pour qu’il serve et inspire… au lieu d’être transformé par lui.

 

FAQ

1. Le pouvoir est-il compatible avec un management bienveillant ?

Oui. La bienveillance n'exclut pas la fermeté. Les deux sont nécessaires à un leadership mature.

2. Comment éviter de tomber dans l’ivresse du pouvoir ?

En cultivant l’empathie, l’écoute, l’ancrage terrain et un cercle de feedbacks honnêtes.

3. Peut-on exercer un pouvoir fort sans être autoritaire ?

Absolument. Le pouvoir fort réside dans la clarté, la cohérence et la vision, pas dans l’oppression.

4. Pourquoi le pouvoir dérive-t-il chez certains ?

Parce qu’il nourrit la dopamine, renforce l’ego et déforme la perception du réel lorsque l’intention n’est pas maîtrisée.






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